Distribution et diffusion des Actualités cinématographiques ne sont pas évidentes dans les premiers mois de la seconde guerre mondiale.
Les conséquences du déclenchement de l’opération Barbarossa sont synonymes en URSS de salles détruites, de projecteurs endommagés. De même le contexte particulier de la France fait que la zone Sud sera totalement privée d’images du mois de juillet jusqu’au 10 octobre 1940. Les spectateurs de la zone occupée quant à eux ne verront jusqu’en octobre de la même année uniquement des actualités allemandes montées et sonorisées à Berlin, doublées en français.
C’est que la situation militaire l’exige : les nazis se trouvent rapidement dans une position de force et de domination qui les encourage à fabriquer des actualités en diverses versions nationales et traduites en 16 langues. Le nombre de copies de bandes d’actualités passe ainsi de 400 à près de 2 300 entre le début et la fin de la guerre. Un film de montage d’actualités parvient même, jusqu’en 1941, une fois tous les 15 jours aux Etats-Unis.
D’autre part, la diffusion de la presse filmée obéit à un cadre légal souvent antérieur. En Italie, le décret-loi de 1926 rend obligatoires les actualités Luce, institut créé l’année précédente, dans toutes les salles du royaume. En 1927, le monopole de diffusion du Cinegiornale Luce aboutit à la suppression de fait des journaux filmés indépendants. C’est dans l’une des 3 000 salles des cinémas d’Etat en 1942 que les Italiens peuvent assister aux projections des bandes d’actualités dans les villes. Les campagnes ne sont pas en reste : des cinémas ambulants contrôlés par le parti fasciste donnent des représentations gratuites dans plus de 5 000 communes dépourvues de salles. En Allemagne, un décret du 28 octobre 1938 impose la projection des Deutsche Wochenschauen dans toutes les salles du territoire. Tout comme le 31 mai 1940 en France : une ordonnance des autorités d’occupation contraint la projection des actualités allemandes sur tous les écrans, une mesure partiellement étendue en zone sud au mois de juillet. La totalité des Français ne voit donc pas la même chose en même temps sur les écrans. Un phénomène identique se produit, pour d’autres raisons en URSS, car chaque république ou région dispose de son propre journal filmé.