Placé sous la présidence de Marc Ferro, et la Carte blanche livrée à Bertrand Tavernier, le Cycle cinéma des 16ème Rendez-vous de l’Histoire se plaçait sous les meilleurs auspices.
Et la soirée d’ouverture fut un grand moment.
Le premier, guidé par le judicieux entretien avec Marc Ferro, qu’on ne présente plus, et mené par Mathias Steinle, maître de conférences Cinéma et audiovisuel à l’université Sorbonne Nouvelle Paris III, a placé au cœur de la réflexion et de la démonstration, projections à l’appui, la question de la fabrique des documentaires d’histoire. Ponctué d’aller/retour entre les croustillantes anecdotes de Marc Ferro, immédiatement replacées dans leur contexte historique ou épistémologique, et les projections des premiers documentaires de l’historien du cinéma, sur lesquels nous reviendrons dans un prochain article.
De même l’évocation de la grande aventure d’Histoire parallèle, émission devenue culte, diffusée sur La Sept puis Arte, de mai 1989 à juin 2001, et constituée de 630 numéros… dont il ne reste aucune trace à ce jour, en dehors des enregistrements privés réalisés au temps de la VHS… Un manque qui en conduit vers un autre : comment faire l’histoire de cette émission ? D’où l’appel que je lance ici, en compagnie de Mathias Steinle avec qui nous avons déjà pu, grâce à la ressource de Yann Lagadec, maître de conférences en Histoire moderne à l’UHB de Rennes 2, retrouver près de 110 numéros de la série… N’hésitez pas à me contacter à l’adresse suivante si vous pouvez nous aider dans cette quête de l’insensé : pmougenet/at/orange.fr (pour les émissions comme leurs sommaires, alors parus chaque semaine dans la revue Historia)
Le deuxième moment fort a été fortement marqué par la présence toujours militante et généreuse de Bertrand Tavernier, aimant à rappeler qu’ « avoir le goût de l’histoire, c’est aussi avoir le goût de la curiosité », présentant avec la même passion du premier jour la fiction réalisée par Jacques Rouffio en 1967, L’Horizon, lorsqu’il était alors jeune attaché de presse du film. Un film qui évoque le traumatisme des combattants et les désertions qui pouvaient suivre les permissions des soldats. Ici, un poilu incarné par Jacques Perrin, dont certains moments pourraient être mis en perspective avec des passages du roman de Remarque, A l’ouest rien de nouveau, en particulier sur les discours que pouvaient tenir des générations plus anciennes restées à l’arrière, devant les jeunes mobilisés après leur épreuve du feu au moment de leur permission. Laurent Veray, professeur
à l’université Sorbonne Nouvelle Paris III précise, dans sa présentation aux côtés de Bertrand Tavernier, que le film de Rouffio, qui était du voyage à Bruxelles pour voir Les Sentiers de la gloire (Paths of glory réalisé par le tout jeune Stanley Kubrick, 24 ans) au moment de sa sortie, en 1958, est, en montrant les soldats comme des anti-héros, au moment de la guerre du Vietnam, « un peu dans la transgression ».
Le programme complet du cycle « La guerre »