L’Etat fasciste mesure très tôt l’impact possible de la presse filmée sur le public et fait d’elle un exemple d’interventionnisme. Créé par l’Etat dès novembre 1925, l’Institut LUCE (l’Union cinématographique éducative) est un organisme destiné à produire des courts-métrages et des films d’actualités. De fait, l’Etat s’octroie rapidement le monopole des actualités cinématographiques. En avril 1926, un décret-loi rend obligatoire le passage des actualités Luce dans toutes les salles du royaume : « les exploitants des salles de cinéma ont l’obligation d’inclure dans le programme des spectacles la projection de films ayant pour but l’éducation civique, la propagande nationale et la culture » (article 1). Une mesure renforcée en 1927 : la suppression des journaux filmés indépendants consacre l’omniprésence d’un Cinegiornale Luce, alors seul diffusé dans la péninsule, à toutes les séances cinématographiques, qui montre clairement que le fascisme manipule l’information à son image (une rubrique « Vie fasciste » y prend une place régulière). Les actualités filmées sont enfin mobilisées pour mettre en relief les grandes entreprises du régime : conquête de l’Ethiopie, guerre d’Espagne, seconde guerre mondiale…
« La Cinematografia e l’arma piu forte, Inauguration des studios de Cinecittá »
Épreuve argentique d’époque. Cachets et légende dactylographiée au dos. À l’occasion de la pose de la première pierre de l’Institut national de Cinéma et de Photographie par Mussolini, un immense décor de carton-pâte (représentant le Duce derrière une caméra) avait été installé sur le site avec le slogan qui serait désormais projeté dans tous les cinémas au début des séances : « Le cinématographe est l’arme la plus forte« .