Durant la 2nde guerre mondiale, Hollywood est mobilisé. Sa production massive de films en temps de paix doit poursuivre son œuvre au service de la nation. Mais la propagande de guerre filmée doit procéder du divertissement. Les Américains sont peu perméables à la propagande politique. Ils vont au cinéma pour rechercher de l’émotion : pleurer, rire … C’est ainsi que les héros de la mythologie cinématographique prennent du service dans la guerre psychologique. En 1943, 3 films sur 10 sont relatifs au conflit. Leur plus grand nombre est d’ordre humoristique et fait apparaître comme cibles Hitler, Mussolini ou Tojo (Général dirigeant le Japon de 1941 à 1945). Ici BuggsBunny leur damne le pion, là Tarzan affronte des Nazis. Produit par la MGM, Tex Avery réalise Blitz Wolf (Le très méchant loup) en 1942 dont le générique de fin annonce « The End of Adolf » (parodié en loup). Le dessin animé connaît un extraordinaire succès : son passage, entre les actualités et le film, est au cinéma très attendu par le public.
Le 12 décembre 1942, Der Fuehrer’s Face fait son entrée dans le box-office
Le studio Disney, dont une partie fut réquisitionnée pour abriter une unité aérienne, participe aussi à l’effort de guerre par la production de nombreux courts-métrages. Der Fuehrer’s Face (Le visage du Führer), film non distribué en France, met en scène Donald Duck : en butte à la méchanceté des nazis, il subit leur terreur avant de duper les hitlériens, ridiculisés. Cet énorme visage d’un Hitler vêtu de sa chemise brune, rasé au dessus des oreilles et coiffé d’une ridicule casquette, prend de plein fouet une tomate dans l’œil , symbolisé par une croix gammée (signe de l’obsession et de l’aveuglement vers lesquels conduit l’idéologie nazie). Surpris, grotesque, bouche béante, sourcil levé au ciel et mèche empreinte de jus de tomate, Hitler vacille : il doit faire face à un Donald petit, mais déterminé. Il ne se laisse pas impressionner par la prétendue puissance du dictateur. Et si lui, le petit canard, peut de la sorte faire reculer le nazi désarçonné, tombant à la renverse, chaque Américain peut le faire. A côté de Donald, un petit encart traversé du V de la Victoire, accueille un soldat américain et invite à « acheter des timbres et bons de guerre pour la victoire ».
Un aller-retour coup de poing semble donner un sens de lecture balancier à l’affiche : achetez des bons ? pour armer Donald ? qui frappera l’ennemi.
Du dessin animé, récompensé par l’Oscar du meilleur cartoon, sera tirée une chanson du même titre. Les disques, qui, écoutés chez soi, pénètrent la sphère privée, sont un autre relais de la propagande américaine. Leurs titres sont tout aussi explicites que ceux des dessins animés : Nous allons devoir fesser le sale petit japonais ; Prie le seigneur et passe moi les munitions…